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Fondation ELLE : « Citad’elles intéresse au-delà des murs »

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RSE

Paris, le 05 mars 2015

ENTRETIEN avec Audrey Guillier, journaliste et bénévole pour Citad’elles, la revue trimestrielle réalisée par des femmes de la prison de Rennes

ll y a trois ans, au cours d’un reportage, Audrey Guillier découvre les Etablissements Bollec, un collectif d’artistes, de graphistes, d’écrivains et de dessinateurs qui se réunissent pour amener la culture à des « publics empêchés », enfants malades, jeunes en insertion …

Quelques semaines plus tard, Alain Faure, coordinateur des Etablissements Bollec, rappelle la journaliste pour lui parler d’un nouveau projet, en prison. Audrey Guillier, qui vient tout juste de terminer son livre « Le viol, un crime presque ordinaire », accepte volontiers cette proposition d’animer un groupe de femmes détenues souhaitant se lancer dans la création d’un journal.

Depuis 2012, cette pétillante jeune femme se rend toutes les deux semaines à la prison de Rennes pour encadrer une rédaction pas comme les autres.

« Au départ, je m’attendais à rencontrer des personnes agressives, mais j’ai découvert des femmes au parcours cabossé, qui ont fait des mauvais choix à un certain moment de leur vie. Comme souvent, tout n’est jamais tout blanc ni tout noir.

Lors de la première conférence de rédaction, je leur ai demandé de me dire ce qu’elles voulaient raconter dans le journal. J’ai été surprise par la qualité et la richesse de leurs propositions. Je m’attendais à des thèmes plus frivoles, mais n’ayant pas ou peu d’espace d’expression, elles sont allées à l’essentiel.

Dans “Citad’elles” – nom que les rédactrices ont choisi lors du premier atelier –, il y a des sujets qu’on ne lit pas ailleurs, comme la sexualité en prison, le difficile lien mère-enfant à distance, l’alcool au féminin, ou encore l’incroyable dossier collectif sur la vie chère en milieu carcéral. Nombreux sont ceux, et moi la première, qui ne savaient pas que les détenues sont obligées de travailler en prison pour se payer des produits de base comme un gel douche par exemple. On découvre un monde qu’on ne connaît pas où celles qui ne peuvent pas travailler pour des raisons de santé sont appelées “les indigentes”.

Je suis particulièrement fière de ce dossier, en raison de son contenu éditorial d’abord, mais aussi parce que toutes les détenues y ont participé. Travailler en groupe, créer de la cohésion font en effet partie de mes plus grands défis.

Peu sûres d’elles, ces femmes se sont construit une carapace pour se protéger. Elles attaquent avant d’être attaquées. La critique est parfois mal vécue. Je m’efforce de rappeler que dans cette rédaction, tout le monde se respecte. J’ai compris que mon travail n’était pas d’en faire forcément des journalistes à leur sortie de prison, mais de leur faire acquérir des compétences qu’elles pourront utiliser dans n’importe quel domaine : travailler en groupe, identifier un sujet, trouver le bon interlocuteur, obtenir un entretien, mener un projet du début à la fin, être actrice de leur vie finalement. »

Citad’elles donne la parole à celles qu’on n’entend jamais, c’est ce qui nous avait intéressés au début à la Fondation ELLE. Aujourd’hui, grâce à Audrey Guillier et aux autres professionnels bénévoles, Citad’elles est plus qu’un magazine, un tremplin envers l’avenir, mais aussi et surtout une source de fierté pour toutes ces femmes.

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