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Écouter un livre. Le phénomène Audiolib débarque en France…

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Lagardère Publishing

Paris, le 21 février 2008

Écoutez enfin les livres dont on parle !

Entretien avec Valérie Lévy-Soussan, Directrice d’Audiolib, par Gilles Hertzog

G.H. : Comment est venue cette idée d’Audiolib ?
V.L.-S. : L’idée était dans l’air du temps.
Constatant à la foire de Francfort la place des livres audio à l’étranger, Hachette, Albin Michel et France Loisirs se sont interrogés : que faire pour qu’en France, il en soit de même ?
Les livres audio existent depuis longtemps en France. Mais le phénomène n’a pas, de loin, l’ampleur qu’il a en Allemagne, en Angleterre – sans parler des États-Unis –, où le livre audio est présent partout en librairie, à l’égal des livres.
Nous avons créé Audiolib, forts de cette idée que le livre lu possède une dimension de plus, la voix, qui en est l’incarnation. Seconde idée-force : proposer des livres audio dès leur sortie « papier ». Dans les pays où règnent les livres audio, leur public se porte vers les best-sellers du moment. C’est cette offre que nous allons proposer en France.
Enfin, nos livres audio seront semblables aux livres-papier : coffret de même format et même couverture. Avec, à l’intérieur, un CD de l’ouvrage intégral.
Ce nouveau livre audio se veut un produit facile d’accès. Par son prix : un ou deux euros de plus que le livre papier ; par son aspect livre et non plus de simple CD ; par des nouveautés grand public : le dernier Amélie Nothomb, le prochain Harlan Coben ; par la lecture du livre dans son intégralité et par sa simplicité : l’effort de lecture gommé, l’auditeur est d’emblée dans le plaisir du texte.

G.H. : Concrètement, comment s’est mis en place ce projet ?

V.L.-S. : Nous avons étudié le marché audio : aux États-Unis, 25 000 titres en librairie, et en Allemagne, 15 000. En France, à peine 2 500 ! Convaincus qu’il fallait associer les meilleurs auteurs, une excellente diffusion, et une bonne expertise, Hachette, Albin Michel et France Loisirs ont produit l’alchimie des talents nécessaires. Notre énergie et la coopération d’éditeurs de tous horizons doivent permettre de faire décoller le marché.

G.H. : Pourquoi Audiolib et non Audiolivre ?
V.L.-S. : Audiolib a une vocation générique et véhicule la double idée de liberté et de librairie, donc de livre. Preuve que nous sommes dans l’air du temps : le Velib’.
Qu’on dise un Audiolib pour un livre audio fera marque !

G.H. : Les produits Audiolib ont l’air de livres. Pourquoi cette similitude ?

V.L.-S. : Une des clefs du succès, c’est que le livre audio soit pleinement dans l’univers du livre et non du multimedia. Le livre-coffret Audiolib diffère vraiment du simple CD-livre. Les Anglo-saxons nous disent : « Votre approche est luxueuse ». Or, nous jouons simplement la proximité avec le livre, apportant le même soin à sa réalisation.
Telle est notre volonté d’illustrer, à notre niveau, la fameuse exception culturelle française. Nous voulons attirer l’intérêt du grand public, et nous inscrire clairement dans l’univers de la librairie.

G.H. : Christine Angot lit ses textes au théâtre ; Luchini lit sur scène avec un énorme succès. Des festivals de lecture comme le Marathon des mots séduisent un public toujours plus grand. En quoi la voix seule transforme-t-elle un texte ?
V.L.-S. : Derrière une voix, il y a toujours un être de chair. L’an dernier, au théâtre de l’Atelier, Sami Frey lisait Cap au pire, de Beckett, assis dans le noir. Là, c’était le degré zéro de l’incarnation physique. Mais la voix était portée par ce théâtre. Dans toute voix, il y a un corps. La voix incarnera la présence de l’acteur et, au-delà, celle, singulière, des personnages. Dans plusieurs de nos livres, le talent de l’interprète consiste justement à faire entendre, à donner corps à de multiples personnages, par le seul jeu de la voix, du rythme, de l’intonation.

G.H. : La voix avec ses inflexions, ses modulations, sa musique, s’ajoute au sens littéral du texte. Par sa dramatique propre, elle s’adresse aussi à l’affect. Les textes parlés auront-ils plus de force qu’à la lecture ?
V.L.-S. : Tout texte possède des sens multiples. Notre but n’est pas d’en ajouter un autre, mais de leur donner une chance d’être entendus. Il y a des lectures à forte interprétation. Nous avons choisi une lecture « en retrait », pour laisser l’esprit libre et l’imaginaire travailler. Quand un texte s’incarne par la voix seule, ce qui compte, c’est la musique des mots, le rythme de la phrase. L’auditeur a ce privilège d’épouser le style de l’auteur, et d’être tout à l’histoire qu’on lui raconte !

G.H. : Lire est une activité solitaire. Avec un livre audio, l’auditeur est pris en charge par une voix, ses inflexions, son phrasé, sa dramaturgie…

V.L.-S. : Cette incarnation d’un texte par la parole stimule l’imaginaire. Il y a séduction, dans tout récit. On y retrouve aussi une dimension enfantine. Enfant, on nous a raconté des histoires, elles sont encore dans notre mémoire. C’est cela que réactive un livre audio : une prise en charge de soi par une voix amie ; pour un pur moment d’évasion.

G.H. : Que gagne d’autre l’auditeur ?

V.L.-S. : J’ai aimé Mal de pierres de Milena Agus, un livre extrêmement musical.
Nous nous sommes dit : « Voilà une histoire à entendre. » Quand Sandrine Willems, la narratrice, l’a lu à haute voix, chaque phrase prenait du relief. Tout le texte devenait un ressort musical. Un livre qu’on aura aimé lire, on aura envie de le redécouvrir à travers l’écoute. Et réciproquement.

G.H. : L’écoute d’un texte nous rappelle, dites-vous, le temps de notre enfance.
Cet effet mémoriel fait-il de l’auditeur l’enfant d’un texte ?
V.L.-S. : Dès la naissance, l’éveil se fait, entre autres, par la voix maternelle. Nous gardons les traces de cette relation originelle. La voix permet de ne pas être seul au monde. Radio Days de Woody Allen montre comment toute une famille tient, grâce à la radio : les voix sont l’ouverture sur le monde, même si c’est un monde imaginaire. De même, on peut écouter le livre audio à plusieurs, partager le plaisir du texte, en voiture avec les siens, chez soi. On peut se mettre des écouteurs, insérer le livre audio dans un ordinateur, le passer sur une chaîne. En Allemagne, on écoute les livres audio en famille. Le livre audio enrichit l’intimité personnelle comme collective.
Quant au problème des jeunes et de la lecture, je me revois en voiture avec mon fils de 14 ans, écoutant Luchini lire Un coeur simple de Flaubert. Rentré chez nous, mon fils mit le CD sur sa chaîne. Il fut tout étonné que son professeur parle quelques jours plus tard du livre : « Mais c’est l’histoire que j’ai entendue ? Je ne savais pas que j’avais lu Flaubert. »

G.H. : Flaubert, justement, testait, à peine écrites, ses phrases à haute voix. C’était son « gueuloir ». Dumas, Kafka lisaient leurs manuscrits à leurs amis. Audiolib peut-il avoir un effet sur certains auteurs, qui construiront leur livre comme un texte parlé ? Un type d’écriture peut-il naître de ce nouveau média ?
V.L.-S. : Un écrivain, s’il ne se lit pas forcément à haute voix, n’en a pas moins son rythme, sa phrase, sa mélodie en tête. Dans les livres que nous choisissons, la phrase a toujours quelque chose de musical. La voix est d’emblée au coeur de l’écriture.
Avec nous, des écrivains redécouvrent le plaisir de lire leur texte à voix haute. Marc Levy a souhaité raconter lui-même la genèse de son livre aux comédiens, commenter certains passages, et lire les plus émouvants.
Eric-Emmanuel Schmitt joue différemment chacun de ses personnages, en vrai homme de théâtre. Tout comme Sylvie Testud interprète à merveille la sensibilité ironique d’Amélie Nothomb. Jacques Salomé est dans chacun de ses texte  avec une grande tendresse. Philippe Grimbert nous a dit avoir redécouvert Un secret en le lisant lui-même pour Audiolib. Les phrases, très simples, se pliaient à sa voix. C’est ce que faisait Flaubert, jusqu’à épuisement, pour que, de la virgule au mode de liaison, tout soit parfait à l’oreille.

G.H. : Pour le lancement d’Audiolib, vous avez choisi douze titres grand public. Pensez-vous, pour le futur, à de la littérature savante, à des textes de sciences humaines, comme Tristes tropiques de Lévi-Strauss, à de la philosophie, à des correspondances d’écrivains ?

V.L.-S. : Nous aimerions aller vers les sciences humaines et des textes plus rares, à faire découvrir. Mais il faut un public. Nombre de livres audio actuels puisent déjà dans le répertoire classique, libre de droits : ce n’est pas cela qui va populariser ce marché. Pour créer un effet d’entraînement général, Audiolib proposera, dès leur sortie « papier », des oeuvres d’auteurs contemporains qui ont les faveurs d’un large public. Commençons donc par Milena Agus, Jean-Christophe Grangé, Douglas Kennedy, Marc Levy, Amélie Nothomb, David Servan-Schreiber, ou encore Patricia Delahaie, Philippe Grimbert, Jacques Salomé, Eric-Emmanuel Schmitt, qui lisent eux-mêmes leur livre.
Pour Audiolib, la partie sera gagnée quand les gens, en librairie, penseront : « J’aime cet auteur. J’ai envie d’écouter son texte avec autant de plaisir que j’aurais à le lire. Et peut-être même davantage. »

UN PROGRAMME 2008 DE 40 TITRES :

  • 12 premiers titres lancés le 13 février 2008.
  • Prochaines parutions en mars-avril 2008 : François Cheng, Philippe Claudel, Harlan Coben, Henri Loevenbruck…

Agence de communication :

Valérie Solvit - Tel. 01 42 61 24 63 - solvitcom@wanadoo.fr

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